Industrie textile: quel impact sur l’environnement ? Mode éco-responsable, économie circulaire, développement durable : aujourd’hui, nous voyons, nous entendons ces mots presque partout. Ils se multiplient en même temps que grandit la conscience des consommateurs et des entreprises pour l’impact environnemental de l’industrie. De fait, au Copenhagen Fashion Summit en mai dernier, il a été mis en évidence que l’industrie textile est devenue la deuxième plus polluante au monde, juste après l’industrie pétrolière. Internationale, complexe et comprenant un très large panel de techniques, l’industrie textile affecte la planète à différents niveaux et notamment dans des domaines très sensibles comme l’eau, la pollution de l’air, les produits chimiques, la consommation électrique ou les déchets. Il est devenu aujourd’hui essentiel de connaître ces problématiques ainsi que l’impact de sa propre chaîne de production. D’autant plus que ce qui attaque l’environnement peut aussi avoir des conséquences sur la santé humaine, qu’il s’agisse des producteurs, des consommateurs ou de personnes vivant à proximité d’une usine. La culture du coton en est un exemple tragique. Le coton est utilisé en très grandes quantités pour fabriquer des vêtements à faibles coûts. Pour augmenter la production et pour combattre les vers qui attaquent les plants, de nombreux cultivateurs utilisent des pesticides. Ces pesticides contiennent des substances extrêmement toxiques, telles que des métaux (aluminium, nickel, plomb), du baryum ou encore de l’éthion qui a été interdit en Europe. Les producteurs, en contact avec ces produits chimiques, ont des taux de cancer plus élevés et peuvent développer des maladies des reins et du foie. Ces substances peuvent aussi contaminer l’eau et ainsi affecter de plus larges populations. Heureusement, de plus en plus de producteurs se tournent vers la culture du coton bio qui est plus respectueux de l’environnement et n’utilise pas ces pesticides. Le tannage du cuir au chrome est un autre exemple marquant. Lui aussi interdit en Europe, car trop toxique, il s’est développé car il permet de traiter le cuir plus rapidement et plus facilement que les autres techniques connues. Cependant, le cuir obtenu est plus fragile et, s’abîmant vite, crée plus de déchets. Le chrome est un métal lourd qui affecte l’environnement de la même manière que les pesticides. Il infiltre l’eau et en contact avec la peau peut même avoir un impact sur la santé du consommateur. Ainsi, les marques ont une responsabilité : celle de bien choisir leur matériaux, leurs fournisseurs et leurs sous-traitants. Le consommateur peut à présent trouver des informations très facilement sur internet et est de plus en plus au fait de ces problématiques. Cela se reflète dans ses achats. Depuis les années 1990, l’intérêt de la population pour l’éco-responsabilité n’a fait qu’augmenter et en 2015, 66% des consommateurs mondiaux sont prêts à payer plus cher pour des produits qui respectent l’environnement. L’image d’une marque peut être rapidement ternie par des scandales sociaux et environnementaux. À l’inverse, le développement durable peut être une véritable opportunité marketing. Montrer de l’intérêt pour ces sujets, être transparent quand à l’origine des matériaux, révéler qui a fait les vêtements (« #Whomademyclothes »), permet d’attirer les consommateurs qui sont rassurés d’acheter un produit sain pour eux et pour la planète. La tendance va aux vêtements où l’on se sent « beau et bien » : les acheteurs ne veulent pas se sentir coupables en portant leur pull préféré. La transparence est à la mode, mais il n’est pas facile pour les marques de contrôler toute leur chaîne de production. Comment une entreprise basée en Europe ou en Amérique du Nord peut-elle être certaine de la qualité des produits qu’elle achète en Asie ? Comment peut-elle savoir dans quelles conditions les vêtements ont étés fabriqués et avec quels moyens ? Les informations données par les usines peuvent être altérées ou fausses. Un site internet, des e-mails, des coups de téléphone, ne sont que des mots et des images choisis. Il est aussi délicat pour les marques d’aller visiter les usines de leurs fournisseurs ou de leurs sous-traitants. Lorsqu’elles savent que quelqu’un vient pour vérifier les conditions de travail ou la qualité, de nombreuses entreprises font des changements temporaires dans leurs installations pour impressionner le client. Ce peuvent être de faux panneaux de sécurité, le remplacement des produits présentés ou la présence de d’employés temporaires engagés pour donner une impression d’opulence. C’est là que les audits se révèlent d’une utilité capitale. Ils permettent d’obtenir des informations précises et non falsifiées. Pour la responsabilité environnementale, les audits sont faits selon les normes environnementales ISO 14000. Ils prennent en comptent l’utilisation d’énergie, les énergies renouvelables, les émissions de gaz à effet de serre, les matériaux et la réduction des déchets, le cycle de vie des produits, la chaîne de production des fournisseurs, et plus encore. Les audits ISO 14000 peuvent être combinés avec les normes SA8000 pour la responsabilité sociale. Ainsi, l’inspection encore plus complète aide les marques à mieux contrôler leur chaîne de production et, avec le temps, permet de sélectionner les partenaires les plus fiables. Ces audits peuvent être appliqués à de nombreux domaines comme les articles chaussants, les vêtements, les accessoires, le textile, la maroquinerie, les peluches, les luminaires, l’électronique, l’informatique, les cadeaux, les fournitures de jardin, l’ameublement, la construction, les équipements de sport et de fitness, les jouets, les pièces d’assemblage et les moules, les solutions de maintenance, les pièces automobiles et les outils médicaux.